~ Ecriture ~
Ci-dessous certains des textes-poésies au répertoire du solo Pistes Recyclables
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La comptine de l'ânecdote
[Les Tribulations fabulées - part 1]
L’âne dodeline de sa tête de linotte
Dans son refus il s’obstine alors je montre les quenottes
Puis je montre les canines, mais de mes menaces il se moque
Donc je lui souffle dans les narines, c’est alors qu’au nez il me rote
Mon indulgence s’en envenime, et je fais miroiter la carotte
Mais n’allez penser qu’il s’en mine, il m’ignore et moi je poireaute
Je m’exaspère il m’examine, il se joue de moi je sanglote
Que je l’maltraite ou que je l’câline, il reste têtu comme un roc.
Et l’âne attend, patiemment, sciemment
Et moi j’enrage, en otage de son entêtement.
Tandis que de mes doigts sur son échine mon impatience je pianote
Dans mes méninges je fulmine, j’aimerais déjouer ses antidotes
Enfin une idée m’illumine, et ne la trouvant pas si sotte
A même le sol je dessine la silhouette d’une marmotte
L’âne a déjà vu des hermines, mais mon esquisse l’interloque
Car sur la faune des hautes cimes il n’a jamais lu aucune doc’
Et mon dessin ne paie pas de mine, mais dessus le quadrupède bloque
Bientôt son sabot tambourine, je commence à trouver l’histoire rigolote.
Et moi j’attends, souriant, nonchalant
Et l’âne peste, peste et me déteste tandis que je prends tout mon temps.
Dans sa barbiche l’âne rumine les ronchonnements de sa glotte
Et moi qui méconnais la langue équine, là je comprends bien qu’il débloque
Puis il capitule, et me fait signe qu’il accepte le jeu réciproque
Et veut bien me suivre en trekking si j’lui dis c’que j’ai sous la toque
Alors ni une ni deux je lui coltine les vivres et les bouteilles de flotte
Toutes mes affaires de camping, sans oublier la popote
Et nous partons pour les collines, j’ai réussi sans équivoque
Il suffisait de la jouer fine pour qu’il se plie à ma marotte.
Et nous voilà promenant, heureux, les montagnes nous portent vers les cieux
Et l’âne gambade, cavale, escalade, de belles marmottes plein les yeux.
Puisqu’un même élan nous anime on oublie notre orgueil de coq
Les vieilles rancunes se débinent, l’âne et moi on devient potes
Je le panse quand il s’égratigne, lui me soutient quand je suffoque
Et tandis qu’en chemin on trottine, notre amitié, elle, galope
Alors pour ne pas prendre racine j’ai bricolé une roulotte
Et des Alpes jusqu’en Palestine c’est la complicité qui nous escorte
Ma morale est une maxime, non dénuée de jugeote :
Heureux les cœurs qui s’acoquinent, perdant ceux qui jouent les despotes.
Ainsi s’achève cette comptine tirée d’une vieille anecdote
Et si vous vous moquez de mes rimes comme de votre première culotte
Accordez-leur un peu d’estime, voyez que la langue n’est pas morte
Car comme dit si bien ma tantine : « Faut pas chanter en amerloque ».
La comptine de l'ânecdote
[Les Tribulations fabulées - part 1]
L’âne dodeline de sa tête de linotte
Dans son refus il s’obstine alors je montre les quenottes
Puis je montre les canines, mais de mes menaces il se moque
Donc je lui souffle dans les narines, c’est alors qu’au nez il me rote
Mon indulgence s’en envenime, et je fais miroiter la carotte
Mais n’allez penser qu’il s’en mine, il m’ignore et moi je poireaute
Je m’exaspère il m’examine, il se joue de moi je sanglote
Que je l’maltraite ou que je l’câline, il reste têtu comme un roc.
Et l’âne attend, patiemment, sciemment
Et moi j’enrage, en otage de son entêtement.
Tandis que de mes doigts sur son échine mon impatience je pianote
Dans mes méninges je fulmine, j’aimerais déjouer ses antidotes
Enfin une idée m’illumine, et ne la trouvant pas si sotte
A même le sol je dessine la silhouette d’une marmotte
L’âne a déjà vu des hermines, mais mon esquisse l’interloque
Car sur la faune des hautes cimes il n’a jamais lu aucune doc’
Et mon dessin ne paie pas de mine, mais dessus le quadrupède bloque
Bientôt son sabot tambourine, je commence à trouver l’histoire rigolote.
Et moi j’attends, souriant, nonchalant
Et l’âne peste, peste et me déteste tandis que je prends tout mon temps.
Dans sa barbiche l’âne rumine les ronchonnements de sa glotte
Et moi qui méconnais la langue équine, là je comprends bien qu’il débloque
Puis il capitule, et me fait signe qu’il accepte le jeu réciproque
Et veut bien me suivre en trekking si j’lui dis c’que j’ai sous la toque
Alors ni une ni deux je lui coltine les vivres et les bouteilles de flotte
Toutes mes affaires de camping, sans oublier la popote
Et nous partons pour les collines, j’ai réussi sans équivoque
Il suffisait de la jouer fine pour qu’il se plie à ma marotte.
Et nous voilà promenant, heureux, les montagnes nous portent vers les cieux
Et l’âne gambade, cavale, escalade, de belles marmottes plein les yeux.
Puisqu’un même élan nous anime on oublie notre orgueil de coq
Les vieilles rancunes se débinent, l’âne et moi on devient potes
Je le panse quand il s’égratigne, lui me soutient quand je suffoque
Et tandis qu’en chemin on trottine, notre amitié, elle, galope
Alors pour ne pas prendre racine j’ai bricolé une roulotte
Et des Alpes jusqu’en Palestine c’est la complicité qui nous escorte
Ma morale est une maxime, non dénuée de jugeote :
Heureux les cœurs qui s’acoquinent, perdant ceux qui jouent les despotes.
Ainsi s’achève cette comptine tirée d’une vieille anecdote
Et si vous vous moquez de mes rimes comme de votre première culotte
Accordez-leur un peu d’estime, voyez que la langue n’est pas morte
Car comme dit si bien ma tantine : « Faut pas chanter en amerloque ».
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Echec aimable
[Les Tribulations fabulées - part 2]
Grand tournoi d’échecs dans le Caucase, organisé par le Sultanat d’Azerbaïdjan
L’enjeu est tel que partout l’info se propage, l’enjeu vaut mieux qu’une mine d’or ou d’argent
En effet le Sultan y engage la main de sa fille unique, Naïri Malikian
Et il a fait peindre et répandre son image de Palestine jusqu’en Ouzbékistan
Pour ma part depuis des années je voyage, avec mon âne en montagne, si vous vous rappelez de la situation…
Patiemment nourri de paysages, de silence, de contemplation
Me pensant seulement de passage, je descends dans la plaine en pleine agitation
Et c’est tout un remue-ménage qui anime le cœur de l’agglomération
C’est que cette promesse de mariage enflamme les passions
Faire de la princesse sa femme, la mettre en ménage, devient la préoccupation
De ces prétentieux qui se dévisagent, tous prêts à se damer le pion
Et pas qu’en jeu mais sans ambages, à coups de poings, à coups de pieds dans le croupion
C’est vrai qu’elle naquit de haut lignage la fameuse Naïri Malikian
Qu’elle resplendit dans la fleur de l’âge, tel un tournesol irradiant
Et comme le petit Jésus par les Rois Mages, elle fut choyée à bon escient
C’est donc un nom, une femme de rêve, et la garantie d’un héritage que remportera le gagnant
Du coup tous les mecs que je croise sont dans le trip compétition
Pour la miss, pour le trône on se toise et s’intensifient les tensions
Quand la testostérone pavoise, le bon sens est en perdition
Bientôt moi-même je cherche noises, clamant haut et fort mon ambition
Parce que moi aussi tout compte fait je veux la plus grosse part du fromage, et du prestige, et du renom
Et caresser la donzelle par dessous son corsage, avant de la fourrer comme un gredin sous mon édredon
Je ne saisis pas bien ce qui m’arrive, moi qui suis d’ordinaire si sage, j’ai aux manettes un vrai démon
Qui m’exhorte, me pousse à l’outrage, qui me chuchote : « Fonce, crénom de nom ! »
Alors dare-dare je remplis les cases du formulaire d’inscription
Puis j’acquiers un échiquier d’occase et la méthode dite de la double masturbation :
Main gauche pour les pièces blanches – c’est ce qu’indique la première page –
Main droite pour les pièces noires, et attention à la dissociation
Et me voilà qui planche comme pour le bachotage, m’exerçant aux échecs en chaque situation
Quant à la délicieuse promise, se prélasse-t-elle d’aise sur son nuage, avisant médusée l’étendue de tous ces prétendants ?
Tu parles oui ! c’est pire qu’au Moyen Âge, personne ne l’a consultée, surtout pas le Sultan
Son papa le Padischah a dit : « Ma fille, pas de bavardage, je veux pour gendre un pur battant
Un habile stratège, pas le tendre du village, et que ça te plaise ou que tu te taises, tu m’entends ? »
Fermons la parenthèse sur ces nobles usages, et revenons à nos moutons
C’est le matin du jour J, l’heure est grave, et il y a des joueurs à perte de vue jusqu’à l’horizon
Les matchs se font par manches et peu à peu départagent les vainqueurs qui poursuivent, des loosers au dos voûté qui rentrent en leur maison
Et je ne compte pas les arbitres, menacés de surmenage, ni les nombreux tricheurs qui finissent en prison
Aurais-je un don ? Ou sont-ce les dieux qui ajustent les rouages ? Ou bien est-ce juste dû à ma préparation
Fastidieuse il est vrai, mais que mes victoires soulagent, puisqu’en effet je gagne avec répétition
Et en réputation, et cela m’encourage, et j’arrive en finale la bouche enfarinée sans préméditation
Face à Kasparov himself, et là j’en mène moins large, même s’il cache lui aussi quelques palpitations
Nous voici tête à tête, entre nous trente-deux cases, mais de jouer à peine ai-je eu le temps
Que mon roi est pris en otage : échec et mat en deux minutes, c’est insultant
Adieu victoire honneur pouvoir, et ce qui est encore bien plus dommage : adieu la fille du Sultan
Je laisse au vainqueur femme et hommages, le Russe en liesse, exulte tant
Tant et si bien que moi je prends du large, être le deuxième ça va un moment
Lui jubile, prêt à prendre en charge jusqu'à la tête de l’empire ottoman
Du moins le croit-il puisqu’à sa décharge, sans lui dire ni quoi ni comment
Son beau-père le relègue en marge du trône et du commandement
Et c’est bien plus qu’un bizutage mais une véritable éviction
Un malhonnête ballottage, de fausses promesses en vraie fiction
Pour couronner le paquetage, la princesse boude son affection
Le snobe, lui fait du chantage... vous parlez d’une malédiction !
Tout cela je l’ai su par commérage, mi désolé mi souriant
Loin du sérail et de ses mirages, loin de ses appâts luxuriants
Humble et simple comme au premier âge je me remis en marche vers l’Orient
L’Himalaya et ses éclairages guidèrent mes errances d’ignorant
L’Asie et ses apprentissages m’allégèrent en me délestant
De l’orgueil et de ces lourds bagages que je traînais depuis tout ce temps
Ainsi, comme le dit l’adage préféré ma Tatan :
Si la vie est un pèlerinage, à quoi bon s’encombrer autant ?
Echec aimable
[Les Tribulations fabulées - part 2]
Grand tournoi d’échecs dans le Caucase, organisé par le Sultanat d’Azerbaïdjan
L’enjeu est tel que partout l’info se propage, l’enjeu vaut mieux qu’une mine d’or ou d’argent
En effet le Sultan y engage la main de sa fille unique, Naïri Malikian
Et il a fait peindre et répandre son image de Palestine jusqu’en Ouzbékistan
Pour ma part depuis des années je voyage, avec mon âne en montagne, si vous vous rappelez de la situation…
Patiemment nourri de paysages, de silence, de contemplation
Me pensant seulement de passage, je descends dans la plaine en pleine agitation
Et c’est tout un remue-ménage qui anime le cœur de l’agglomération
C’est que cette promesse de mariage enflamme les passions
Faire de la princesse sa femme, la mettre en ménage, devient la préoccupation
De ces prétentieux qui se dévisagent, tous prêts à se damer le pion
Et pas qu’en jeu mais sans ambages, à coups de poings, à coups de pieds dans le croupion
C’est vrai qu’elle naquit de haut lignage la fameuse Naïri Malikian
Qu’elle resplendit dans la fleur de l’âge, tel un tournesol irradiant
Et comme le petit Jésus par les Rois Mages, elle fut choyée à bon escient
C’est donc un nom, une femme de rêve, et la garantie d’un héritage que remportera le gagnant
Du coup tous les mecs que je croise sont dans le trip compétition
Pour la miss, pour le trône on se toise et s’intensifient les tensions
Quand la testostérone pavoise, le bon sens est en perdition
Bientôt moi-même je cherche noises, clamant haut et fort mon ambition
Parce que moi aussi tout compte fait je veux la plus grosse part du fromage, et du prestige, et du renom
Et caresser la donzelle par dessous son corsage, avant de la fourrer comme un gredin sous mon édredon
Je ne saisis pas bien ce qui m’arrive, moi qui suis d’ordinaire si sage, j’ai aux manettes un vrai démon
Qui m’exhorte, me pousse à l’outrage, qui me chuchote : « Fonce, crénom de nom ! »
Alors dare-dare je remplis les cases du formulaire d’inscription
Puis j’acquiers un échiquier d’occase et la méthode dite de la double masturbation :
Main gauche pour les pièces blanches – c’est ce qu’indique la première page –
Main droite pour les pièces noires, et attention à la dissociation
Et me voilà qui planche comme pour le bachotage, m’exerçant aux échecs en chaque situation
Quant à la délicieuse promise, se prélasse-t-elle d’aise sur son nuage, avisant médusée l’étendue de tous ces prétendants ?
Tu parles oui ! c’est pire qu’au Moyen Âge, personne ne l’a consultée, surtout pas le Sultan
Son papa le Padischah a dit : « Ma fille, pas de bavardage, je veux pour gendre un pur battant
Un habile stratège, pas le tendre du village, et que ça te plaise ou que tu te taises, tu m’entends ? »
Fermons la parenthèse sur ces nobles usages, et revenons à nos moutons
C’est le matin du jour J, l’heure est grave, et il y a des joueurs à perte de vue jusqu’à l’horizon
Les matchs se font par manches et peu à peu départagent les vainqueurs qui poursuivent, des loosers au dos voûté qui rentrent en leur maison
Et je ne compte pas les arbitres, menacés de surmenage, ni les nombreux tricheurs qui finissent en prison
Aurais-je un don ? Ou sont-ce les dieux qui ajustent les rouages ? Ou bien est-ce juste dû à ma préparation
Fastidieuse il est vrai, mais que mes victoires soulagent, puisqu’en effet je gagne avec répétition
Et en réputation, et cela m’encourage, et j’arrive en finale la bouche enfarinée sans préméditation
Face à Kasparov himself, et là j’en mène moins large, même s’il cache lui aussi quelques palpitations
Nous voici tête à tête, entre nous trente-deux cases, mais de jouer à peine ai-je eu le temps
Que mon roi est pris en otage : échec et mat en deux minutes, c’est insultant
Adieu victoire honneur pouvoir, et ce qui est encore bien plus dommage : adieu la fille du Sultan
Je laisse au vainqueur femme et hommages, le Russe en liesse, exulte tant
Tant et si bien que moi je prends du large, être le deuxième ça va un moment
Lui jubile, prêt à prendre en charge jusqu'à la tête de l’empire ottoman
Du moins le croit-il puisqu’à sa décharge, sans lui dire ni quoi ni comment
Son beau-père le relègue en marge du trône et du commandement
Et c’est bien plus qu’un bizutage mais une véritable éviction
Un malhonnête ballottage, de fausses promesses en vraie fiction
Pour couronner le paquetage, la princesse boude son affection
Le snobe, lui fait du chantage... vous parlez d’une malédiction !
Tout cela je l’ai su par commérage, mi désolé mi souriant
Loin du sérail et de ses mirages, loin de ses appâts luxuriants
Humble et simple comme au premier âge je me remis en marche vers l’Orient
L’Himalaya et ses éclairages guidèrent mes errances d’ignorant
L’Asie et ses apprentissages m’allégèrent en me délestant
De l’orgueil et de ces lourds bagages que je traînais depuis tout ce temps
Ainsi, comme le dit l’adage préféré ma Tatan :
Si la vie est un pèlerinage, à quoi bon s’encombrer autant ?
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Conjugaison
Je serais le déporté, Juif, Tzigane, ou pédé
Expédié dans les camps, voué à partir en fumée
Plutôt que le S.S., sans scrupule, sans sagesse
Qui œuvra, participa aux pires bassesses d’ici bas
Je serais l’immigré, Rital comme mon Pépé
Nicolo mon grand-père, venu en France entre deux guerres
Je serais cet immigré, venu vivre en France bon gré mal gré
Et quittant l’Italie natale pour esquiver la misère
Plutôt que le chef de chantier, propre sur lui, distingué
Mais qui méprise les estrangers non content de les exploiter
Et puis je serais aussi Dreyfus, Saccho et Vanzetti
Léonard Peltier, Lesurques, Seznec et autres têtes de Turc
De la justice qui bave et qui envoie à l’échafaud ou à perpète
De braves innocents qu’elle bafoue
Et puis bien sûr je serais l’Homme à la peau rouge, l’Homme aux longs cheveux de jais
Cet être humain qui chevauchait en Terre Rouge
Ou son cousin d’Amazonie, ou l’Aborigène d’Australie
L’Inuit, le Pygmée, le Bushmen, le Touareg, ou le Papou de Nouvelle Guinée
Plutôt qu’un pâle représentant de la horde des conquérants
Aux mains sales, rincées de sang par les razzias des continents
Je serais ceci, je serais ça, je serais ou je ne serais pas…
En attendant je ne suis bon qu’à chanter la conjugaison
Se dire victime et non bourreau c’est facile avec les mots
C’est si facile pour faire rimer de se dire du clan des opprimés
Le réel n’est pas si docile, et je me dois d’être plus honnête
Entre bien et mal j’oscille, je suis tel une marionnette
Dont mon ego tire les fils, et j’ai même pas fini de me connaître
Mais prétendre n’être jamais vil, ce serait quand même-là quelques sornettes.
Conjugaison
Je serais le déporté, Juif, Tzigane, ou pédé
Expédié dans les camps, voué à partir en fumée
Plutôt que le S.S., sans scrupule, sans sagesse
Qui œuvra, participa aux pires bassesses d’ici bas
Je serais l’immigré, Rital comme mon Pépé
Nicolo mon grand-père, venu en France entre deux guerres
Je serais cet immigré, venu vivre en France bon gré mal gré
Et quittant l’Italie natale pour esquiver la misère
Plutôt que le chef de chantier, propre sur lui, distingué
Mais qui méprise les estrangers non content de les exploiter
Et puis je serais aussi Dreyfus, Saccho et Vanzetti
Léonard Peltier, Lesurques, Seznec et autres têtes de Turc
De la justice qui bave et qui envoie à l’échafaud ou à perpète
De braves innocents qu’elle bafoue
Et puis bien sûr je serais l’Homme à la peau rouge, l’Homme aux longs cheveux de jais
Cet être humain qui chevauchait en Terre Rouge
Ou son cousin d’Amazonie, ou l’Aborigène d’Australie
L’Inuit, le Pygmée, le Bushmen, le Touareg, ou le Papou de Nouvelle Guinée
Plutôt qu’un pâle représentant de la horde des conquérants
Aux mains sales, rincées de sang par les razzias des continents
Je serais ceci, je serais ça, je serais ou je ne serais pas…
En attendant je ne suis bon qu’à chanter la conjugaison
Se dire victime et non bourreau c’est facile avec les mots
C’est si facile pour faire rimer de se dire du clan des opprimés
Le réel n’est pas si docile, et je me dois d’être plus honnête
Entre bien et mal j’oscille, je suis tel une marionnette
Dont mon ego tire les fils, et j’ai même pas fini de me connaître
Mais prétendre n’être jamais vil, ce serait quand même-là quelques sornettes.
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∏ (Pi)
Il s’agit d’une ravissante demoiselle, dont le teint bleuté est partiellement voilé sous des volutes d’albâtre…
Et elle roule sa silhouette, un peu comme un ballon de basket au bout du doigt d’un athlète…
Sauf qu’il n’y a pas l’ombre d’un ballon, pas l’ombre d’un athlète : la galante en question n’est autre que notre planète : « Terre », qui depuis des millénaires de millénaires de millénaires fait le derviche tourneur comme tant d’astres et de sphères dans l’univers.
Fut-elle touchée par la grâce ? Reçut-elle une céleste illumination ?
A tant tourner sur lui-même le derviche possédé par la danse, atteint la transe, voire perd la boule…
Gaia, elle, n’a pas même bégayé, ni pagayé dans la semoule… à tant tourner sur elle-même avec la constance d’une passionnée, notre Terre-toupie suscita tout à coup l’étincelle vitale, rien que ça ! Et cela n’eut rien d’un feu de paille !
Si l’on compte en milliards d’années, notre univers fête son 15ème anniversaire, la vie sur Terre avoisine les 4 ans, et l’apparition d’Homo sapiens il y a 200 000 ans remonte à moins de 2 heures j’ai calculé… nous sommes encore tout vagissant, le nombril tout sanguinolent, à chercher, aveuglés, le sein de maman…
Reformulons la métaphore à la française : une pile de livres haute comme la tour Eiffel simule la chronologie ;
au sol : le Big Bang, et son souffle initial; à 250 mètres de hauteur : notre planète sabre le champagne et accueille la Vie ! Cherchons l’éclosion des Cro-Magnon : ça tient dans les 4 derniers millimètres ! C’est un petit paquet de feuilles de cigarettes posé au-dessus du dernier bouquin, tout là haut là haut !!
Même proportion, même refrain pour l’entière histoire du primate humain : si 2 millions d’années de bipédie alignent 100 mètres de bibliothèque, l’ère chrétienne tient dans un dictionnaire ; et les 2 siècles qui séparent le 18ème et ses lumières du 20ème et ses déboires, c’est une brochure EDF en faveur du tout nucléaire…
Et pourtant…
Pendant longtemps l’humain eut l’apanage du bon garçon : un brave type plutôt futé qui doucement s’émancipe, se dégourdit, s’anime et peu à peu dépasse le stade animal dont il était issu.
Alors de ci de là cela se traduit bien par quelques incartades, mais sans trop d’esclandre… il joue des coudes, s’octroie l’outil, exécute en loucedé ses négoces clandestins, s’approprie le feu, convoite son destin…
Ces bravades inédites vont de paire avec de fabuleuses trouvailles qui seraient sans doute restées sans suite sans l’art de la transmission ! Il me plait d’imaginer les premiers langages, ainsi que d’antiques initiations qui sanctionnaient peut-être la passation des savoir-faire chez ces lointaines générations. Passionnantes civilisations de jadis, lignées d’aïeux émérites, dont les premiers outils - faits à la main ! - servaient une survie encore toute hasardeuse.
Puis défilent les siècles et plus rien n’est pareil, sous des piles d’appareils on croule, mais c’est high tech’ !
On oublie ce qu’est la manufacture, mais on consomme et on s’équipe, à tel point qu’avec toutes nos panoplies on cumule les risques et les complications induites.
Et c’est par centaines de millions qu’on prend le pli, sans trop se poser la question de la répercussion de nos gestes, de l’innocuité de nos produits.
Le goût d’attendre se délite, écrire des lettres est obsolète…
Alors on tutoie les satellites du bout du doigt, à tout bout de champ,
les bouts de choux touchent à ça très vite, sans qu’on sache si c’est très prudent…
Des exemples de cette trempe il y en a trop, galvaudant l’utile en futile.
Par ici la sobriété prête à sourire, et la modération se fait rare, aussi rare qu’un générique qu’on aurait vraiment le temps de lire !
Et dans notre film bien sûr, on se prend pour les héros…
Alors que notre corps, cette carcasse que l’on emprunte pour un temps, cette cathédrale de poussières échafaudée, nous la devons… Nous la devons car, au delà de l’ADN, elle émane d’une volonté indéniable, quelle qu’elle soit. Un principe bâtisseur, intuitif et patient, qui déploie des élucubrations qui s’incarnent et tiennent la route depuis l’origine des temps…
La vie est un tour de magie sans trucage, un équilibre sacré qui se propage, le mouvement perpétuel par excellence !
Rien de comparable à un numéro de cirque, encore moins à un cycliste qui conduirait sans les mains…
La vie est un Bouddha rêveur, un génie faussement distrait. L’air de ne pas y toucher, elle joue aux osselets, jongle avec l’inné, l’acquis, l’inerte et l’animé, en magicienne ingénue mais obstinée.
C’est l’arbre qui épanouit son houppier, imitant dans les airs la boule de terre de sous ses pieds.
C’est le nid tressé de l’oiseau.
C’est le souffle buée de la baleine.
C’est la course courbe du soleil.
C’est l’eau d’une source.
C’est le ventre rond d’une mère.
C’est le ventre rond de la Terre.
∏ (Pi)
Il s’agit d’une ravissante demoiselle, dont le teint bleuté est partiellement voilé sous des volutes d’albâtre…
Et elle roule sa silhouette, un peu comme un ballon de basket au bout du doigt d’un athlète…
Sauf qu’il n’y a pas l’ombre d’un ballon, pas l’ombre d’un athlète : la galante en question n’est autre que notre planète : « Terre », qui depuis des millénaires de millénaires de millénaires fait le derviche tourneur comme tant d’astres et de sphères dans l’univers.
Fut-elle touchée par la grâce ? Reçut-elle une céleste illumination ?
A tant tourner sur lui-même le derviche possédé par la danse, atteint la transe, voire perd la boule…
Gaia, elle, n’a pas même bégayé, ni pagayé dans la semoule… à tant tourner sur elle-même avec la constance d’une passionnée, notre Terre-toupie suscita tout à coup l’étincelle vitale, rien que ça ! Et cela n’eut rien d’un feu de paille !
Si l’on compte en milliards d’années, notre univers fête son 15ème anniversaire, la vie sur Terre avoisine les 4 ans, et l’apparition d’Homo sapiens il y a 200 000 ans remonte à moins de 2 heures j’ai calculé… nous sommes encore tout vagissant, le nombril tout sanguinolent, à chercher, aveuglés, le sein de maman…
Reformulons la métaphore à la française : une pile de livres haute comme la tour Eiffel simule la chronologie ;
au sol : le Big Bang, et son souffle initial; à 250 mètres de hauteur : notre planète sabre le champagne et accueille la Vie ! Cherchons l’éclosion des Cro-Magnon : ça tient dans les 4 derniers millimètres ! C’est un petit paquet de feuilles de cigarettes posé au-dessus du dernier bouquin, tout là haut là haut !!
Même proportion, même refrain pour l’entière histoire du primate humain : si 2 millions d’années de bipédie alignent 100 mètres de bibliothèque, l’ère chrétienne tient dans un dictionnaire ; et les 2 siècles qui séparent le 18ème et ses lumières du 20ème et ses déboires, c’est une brochure EDF en faveur du tout nucléaire…
Et pourtant…
Pendant longtemps l’humain eut l’apanage du bon garçon : un brave type plutôt futé qui doucement s’émancipe, se dégourdit, s’anime et peu à peu dépasse le stade animal dont il était issu.
Alors de ci de là cela se traduit bien par quelques incartades, mais sans trop d’esclandre… il joue des coudes, s’octroie l’outil, exécute en loucedé ses négoces clandestins, s’approprie le feu, convoite son destin…
Ces bravades inédites vont de paire avec de fabuleuses trouvailles qui seraient sans doute restées sans suite sans l’art de la transmission ! Il me plait d’imaginer les premiers langages, ainsi que d’antiques initiations qui sanctionnaient peut-être la passation des savoir-faire chez ces lointaines générations. Passionnantes civilisations de jadis, lignées d’aïeux émérites, dont les premiers outils - faits à la main ! - servaient une survie encore toute hasardeuse.
Puis défilent les siècles et plus rien n’est pareil, sous des piles d’appareils on croule, mais c’est high tech’ !
On oublie ce qu’est la manufacture, mais on consomme et on s’équipe, à tel point qu’avec toutes nos panoplies on cumule les risques et les complications induites.
Et c’est par centaines de millions qu’on prend le pli, sans trop se poser la question de la répercussion de nos gestes, de l’innocuité de nos produits.
Le goût d’attendre se délite, écrire des lettres est obsolète…
Alors on tutoie les satellites du bout du doigt, à tout bout de champ,
les bouts de choux touchent à ça très vite, sans qu’on sache si c’est très prudent…
Des exemples de cette trempe il y en a trop, galvaudant l’utile en futile.
Par ici la sobriété prête à sourire, et la modération se fait rare, aussi rare qu’un générique qu’on aurait vraiment le temps de lire !
Et dans notre film bien sûr, on se prend pour les héros…
Alors que notre corps, cette carcasse que l’on emprunte pour un temps, cette cathédrale de poussières échafaudée, nous la devons… Nous la devons car, au delà de l’ADN, elle émane d’une volonté indéniable, quelle qu’elle soit. Un principe bâtisseur, intuitif et patient, qui déploie des élucubrations qui s’incarnent et tiennent la route depuis l’origine des temps…
La vie est un tour de magie sans trucage, un équilibre sacré qui se propage, le mouvement perpétuel par excellence !
Rien de comparable à un numéro de cirque, encore moins à un cycliste qui conduirait sans les mains…
La vie est un Bouddha rêveur, un génie faussement distrait. L’air de ne pas y toucher, elle joue aux osselets, jongle avec l’inné, l’acquis, l’inerte et l’animé, en magicienne ingénue mais obstinée.
C’est l’arbre qui épanouit son houppier, imitant dans les airs la boule de terre de sous ses pieds.
C’est le nid tressé de l’oiseau.
C’est le souffle buée de la baleine.
C’est la course courbe du soleil.
C’est l’eau d’une source.
C’est le ventre rond d’une mère.
C’est le ventre rond de la Terre.